Premiers cris, premiers pas, premiers émois, … A partir de sa naissance, l’enfant se construit tout en découvrant les autres et le monde. Un premier article présentant les moments clés de l’évolution du jeune enfant.

Quand il pousse son premier cri, le nouveau né a déjà vécu 9 mois. Niché au sein de l’utérus maternel, il a appris à réagir et à s’adapter à différentes stimulations : les mouvements de sa mère, sa voix et celle de son père, la saveur des aliments qui imprègne le liquide amniotique, la lumière qui traverse la paroi utérine, … A la naissance, il manifeste très vite sa personnalité et destine tout son équipement sensoriel à la découverte du monde. Son besoin d’attachement est à ce moment-là aussi intense que son besoin de nourriture, et c’est en prenant appui sur les liens d’amour tissés autour de lui qu’il part à la conquête de son autonomie. Voici, les principales étapes du développement moteur, intellectuel et affectif de l’enfant.

Développement moteur : des réflexes à la marche

La vie psychique du nouveau-né est étroitement liée au mouvement. Ses décharges musculaires, ses grimaces et ses cris constituent une réaction à ses besoins organiques.
Au fil des semaines, ses mouvements sont moins impulsifs. Il deviennent son premier mode de communication (bébé sourit vers 3 mois, se débat, tend les bras) mais aussi son premier outil de connaissance (il porte les objets à sa bouche pour en connaître les propriétés). C’est également par le mouvement que l’enfant entreprend de différencier sa propre personne du monde qui l’environne.
D’abord tenu, confondu avec le corps de l’adulte, il va apprendre à s’asseoir (10-11 mois) mais aussi à se déplacer, en rampant puis à 4 pattes. Entre 12 et 18 mois, il marche, puis apprend à sauter, à courir, à faire des galipettes.

Développement intellectuel : de l’exploration motrice à la représentation

Les progrès moteurs du bébé lui permettent de se livrer à des expériences. A l’âge de 4 ou 5 mois, il découvre par hasard l’effet que produisent ses mouvements (le bruit d’un cube qui tombe) et tente de le reproduire en procédant par essais-erreurs.
Les premiers actes intentionnels apparaissent vers l’âge de 8 ou 9 mois : il écarte un jouet pour en attraper un autre. Vers 16 mois, l’enfant peut se représenter un mouvement sans l’exécuter et en anticiper les conséquences.
Conjointement, le langage se dégage du corps. Les premiers mots qu’ils prononce entre 9 et 18 mois sont encore accompagnés de gestes. Puis son vocabulaire et sa synthaxe s’enrichissent. Vers 2 ans et demi, il entre dans l’âge des questions. Le langage ne lui sert plus seulement à constater ses faits et gestes, il lui permet aussi de les évoquer.

Développement affectif : de la fuite à l’opposition

Entre 0 et 3 ans, le bébé sort d’une sort d’une relation fusionnelle à la mère et prend conscience de son individualité. Au cours du stade oral (0-1 an), sa première activité sexuelle est la succion. Le sevrage lui impose de passer du principe de plaisir au principe de réalité : sa mère et lui sont deux, elle ne peut pas le satisfaire tout le temps. Selon la psychanalyste Mélanie Klein, le bébé oscille alors entre une position paranoïde (il craint que le « mauvais sein », celui qui ne comble pas ses désirs, ne vienne à le détruire) et une position dépressive (il se rend compte qu’il aime et déteste la même personne selon qu’elle le satisfait ou le frustre, et il redoute que ses pulsions destructrices anéantissent l’objet aimé).
Lors du stade anal (1-3 ans), l’enfant apprend à contrôler ses sphincters. Retenir ou expulser ses fèces lui donne un certain pouvoir : il peut – ou non – contenter l’adulte en faisant ses besoins sur le pot. C’est alors qu’apparaissent les premiers conflits : l’enfant conforte sa conscience d’être une entité distincte en s’opposant.
Après avoir traverser le « stade du miroir » décrit par Lacan (durant cette période, qui s’étend de 6 à 18 mois, l’enfant intègre l’image de son propre corps, séparé de celui de sa mère). Il entre alors dans l’âge du « non ».

Dans un prochain billet, nous nous arrêterons sur la période de 3 à 6 ans.