Le numéro un mondial du jouet, Mattel, a décidé, mercredi 15 août, de rappeler plus de 18 millions de ses produits fabriqués en Chine (dont 9 millions distribués aux Etats-Unis) suspectés d’être dangereux pour les enfants. Il s’agit de la seconde procédure de rappel effectuée par le fabricant de la célèbre poupée Barbie. Il y a deux semaines, Mattel avait déjà rappelé près d’un million de jouets susceptibles de contenir de la peinture toxique à base de plomb, dont la très populaire Dora l’exploratrice de la marque Fisher Price et les personnages de la série télévisée La rue Sésame, eux aussi fabriqués par des sous-traitants chinois.

Les jouets incriminés par cette seconde mesure concernent le véhicule militaire Sergent et la gamme de jouets Cars fabriqués entre mai et juillet 2007. « La peinture utilisée pour ses deux modèles est susceptible de contenir un niveau de plomb supérieur à la norme autorisée », explique Mattel, qui a découvert les faits à l’issue de contrôles effectués après le premier rappel.

Le plomb peut être responsable de maladies du type encéphalopathies ou anémies, et plus généralement des cas de saturnisme. Par ailleurs, Mattel a décidé, à titre préventif, de rappeler les mini poupées Polly Pocket, des produits Doggie day Care et l’un des accessoires de la poupée Barbie. Ces jouets, fabriqués entre 2002 et janvier 2007, contiennent de petits aimants que les enfants pourraient inhaler ou avaler. Par le passé, trois enfants ont dû être opérés à cause d’une perforation aux intestins après avoir ingéré plusieurs de ces petits aimants, précisent un communiqué commun de Mattel et de la Commission américaine de protection des consommateurs.

Au total le coût de cette procédure a été évalué à 28,8 millions de dollars (21,3 millions d’euros) par le géant industriel. En outre, Mattel a mis en place un système de contrôle de qualité renforcé qui devrait renchérir son coût de fabrication. « La sécurité n’a pas de prix », explique Bryan Stockton, directeur adjoint de Mattel International. « Nous espérons que nos clients comprendront et prendront conscience, par cette communication, que la qualité est la priorité de Mattel », ajoute-t-il. Après cette annonce, mardi, à la Bourse de New York, les investisseurs ont sanctionné le titre du fabricant de jouets, qui a cédé 6 %.

CONSIGNES DE FABRICATION VIOLÊES

En devançant les éventuels incidents, Mattel espère néanmoins éviter des procédures judiciaires collectives (« class action ») de consommateurs, fréquentes aux Etats-Unis, et qui pourraient lui coûter très cher.

Cette mesure exceptionnelle place néanmoins le groupe dans une situation délicate pour son image. Mattel externalise près de 65 % de sa production en Chine. Depuis plusieurs mois, le pays est éclaboussé par de multiples scandales. Mardi, l’agence américaine Food an Drug Administration a rappelé aux consommateurs que du dentifrice produit en Chine, souvent distribué dans des hôtels, pouvait contenir du diéthylène glycol, généralement utilisé comme antigel. En un an, 86 millions de produits ou contenant des éléments fabriqués en Chine ont dû être rappelés aux Etats-Unis, dont 30 % étaient des jouets, rapporte l’AFP.

Malgré ce préjudice, Mattel ne compte pas rompre des liens « historiques » avec ses fournisseurs chinois. « Nous travaillons depuis vingt ans avec ce pays », explique M. Stockton. Et le groupe précise que ce ne sont pas ses sous-traitants habituels qui sont incriminés mais les sous-traitants chinois de ses partenaires. Ils auraient violé les consignes de Mattel en n’utilisant pas la peinture idoine. « Je ne m’explique pas pourquoi certains n’ont pas respecté le processus, mais avec eux, (notamment le fabricant Hong Li Da), nous avons cessé toute relation commerciale », assure le dirigeant.

Pour Jean-Paul Geai, rédacteur en chef du magazine de consommateurs Que Choisir, rejeter la responsabilité sur les fabricants chinois semble une solution un peu expéditive. « Le cahier des charges de Mattel était-il suffisamment rigoureux ? Personne ne peut le vérifier, c’est leur parole contre la leur », s’interroge-t-il, soulignant la pression exercée par les multinationales sur les coûts de fabrication des sous-traitants des pays émergents.

Plus d’infos : http://www.allomattel.com/allo_actualite.php?id=65

sources : www.lemonde.fr